Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/6

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MARCELINE, _pendant que Jacquino va ouvrir._

Qui ? moi, je deviendrois sa femme ! À l’amour, au bonheur, moi, je renoncerois ! Non, non, je sens que sur mon âme, Fidélio règne à jamais.

JACQUINO, _revanant après avoir ouvert et fermé la porte._

Ça revenons à notre affaire…. Bien, fidèlement j’t'aimerai.

MARCELINE.

Pour moi, je n’épouserai Que celui qui saura me plaire.

JACQUINO, _ricanant._

Oh ! si c’est qu’ça, je te plairai..

MARCELINE.

C’est quellqu’fois difficile à faire.

JACQUINO.

Quand tu serais ma ménagère, Je te carresserai, Je te dorlotterai, Je te réjouirai, Je serai si gentil, si soumis et si tendre !….

(_On frappe encore à la porte._)

On frappe, allez, ne faites pas attendre. ENSEMBLE. JACQUINO, _allant ouvrir._

Ah, jarny, que c’est malheureux ! V’là qu’mon amour alloit au mieux. MARCELINE, _à part._

Il me fait toujours les doux yeux ; Ah, jarny ! que c’est ennuyeux ! MARCELINE, _elle a fini de repasser._

(_à part._) Faut décidément que j’lui parle ferme, et que j’lui donne son congé. (_À Jacquino qui revient tout essouflé_) Tenez, Jacquino, je suis trop franche pour vous tromper plus long-tems. Vous ne pouvez m’convenir ; j’vous l’dis à cœur ouvert et vrai, si vous voulez vous marier, vous ferez bien d’vous adresser à une autre qu’à moi. JACQUINO.

Ah oui-dà, p’tite effrontée…. Oh vous avez beau faire, je vous aimerai malgré vous ; je n’saurois m’en empêcher d’abord ; n’faut pas vous imaginer, m’am’zelle, que quand l’amour a pris son pli, ça s’déplisse aussi aisément que ce linge qu’vous r’passez là… (_Il le tire avec impatience._) Et puis quand un’fois on a reçu les avances d’un amoureux… MARCELINE.

Comment, que voulez-vous dire ?