Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

JACQUINO.

Sur’ment. L’été dernier vous n’faisiez pas comme ça vot’renchérie…. C’étoit mon p’tit Jacquino par-ci, mon p’tit Jacquino par-là ; vous m’laissiez chauffer vos fers, plier vot’linge, porter vos paquets aux prisonniers ; enfin tout c’qu’une honnête fille peut permettre à un honnête garçon. Mais d’puis que M. Fidélio est entré dans c’hâteau, l’on n’voit plus qu’lui ou ne r’cherche qu’lui ; on n’s'occupe plus que d’lui.

MARCELINE.

Eh bien oui, je l’aime ; et ce qu’il y a de plus joli encore, c’est que j’en suis aimée… mais j’dis aimée !… JACQUINO.

Fi, n’avez-vous pas de honte ! Un garçon qui vient d’je n’sais où, qui appartient à je n’sais qui ; et qu’vot père a ramassé par pitié à cette porte, (_il désigne la parle du fond_) où depuis long-tems i’fesoit des commissions à qui vouloit l’employer. MARCELINE.

On sait bien qu’il est pauvre et orphelin, lui-même i’n's’en cache pas ; mais ça n’y fait’rien ; tout ç’a ne l’empêchera pas d’être bientôt mon mari. JACQUINO, _avec emportement._

Et vous croyez que j’souffrirai ça… qu’ça n’soit pas d’vant moi toujours ; car il en arriverait malheur.



Scène II

LES MÊMES, ROC, _il rentre par l’arcade à droite du spectateur, qu’il referme sur lui._ ROC.

Eh ben, vous vous fâchez donc toujours, vous autres ? MARCELINE.

Pardine, v’là-t-il une heure qu’i'm’poursuit, qu’i'm’tourmente…. ROC.

Comment donc ? MARCELINE.

I’veut que j’l'aime et que j’l'épouse, rien qu’ça, mon père. JACQUINO.

Certainement.