Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/8

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ROC, _à Marceline._

Et qu’est-ce que tu dis à cela, toi ? MARCELINE. Que l’un m’est aussi impossible que l’autre. JACQUINO.

Oh ! ça m’est égal ; j’entends et j’prétends..

ROC, _avec ironie._

Tu entends… tu prétends…. JACQUINO.

C’est qu’i'n’faut pas vous imaginer… ROC, _brusquement._

Allons, tais-toi ; eh ben oui, j’n'aurons qu’une fille, j’l'aurons faite exprès ben tournée, ben gentille, (_il passe sa main sous le menton de Marceline_) j’m's’rai donné ben d’la peine à l’élever, à la conserver saine et sauve jusqu’à seize ans… et tout ça pour monsieur. (_Il fixe Jacquino en riant._) Ah ! ah ! ah ! ah !… (_à Marceline._) Fidélio n’est pas encore de retour ? MARCELINE.

Non, mon père.

(_On frappe à la porte du fond._) JACQUINO, _courant ouvrir avec vivacité._

On va, on va. ROC.

Il aura sans doute été forcé d’attendre long-tems chez le forgeron. MARCELINE.

Le voici !…. Le voici !….



Scène III

LES MÊMES, LÉONORE. (_Elle est vêtue d’une veste de bure, petit gillet rouge, culotte comme la veste, bottines, large ceinture de cuir noir, serrée par une grande boucle de cuivre ; ses cheveux ramassés sur une résille. Elle a sur le dos une hotte chargée de provisions ; elle porte aussi sur ses bras plusieurs chaînes qu’elle dépose, en entrant, près de la loge du guichetier, et sur le cote une boîte de fer-blanc attachée à une courroie, en forme de sautoir._) MARCELINE.

Comme il s’est chargé !… Mon dieu, comme la sueur coule de son visage !