Ô Grecs, pour nous chanter ressuscitez Pindare !
Ou que Kalvos[1] encore anime sa Cythare…
Rendez grâces aux Rois ! Rendez grâces à Dieu,
À Dieu qui, fatigué de vos longues misères,
Au même instant des Rois allumant les tonnerres,
Abyma vos tyrans dans une mer de feu !
Ô Grecs, sur le rivage assemblez vos familles,
Formez la danse antique, et de vos chastes filles
Laissez nos matelots presser la blanche main !
En essuyant vos pleurs, dansez, ô vierges pures,
Et ne frémissez plus à ces cris, ces murmures,
Que le vent de Morée apporte du lointain !
Ces soupirs ne sont point les soupirs de vos frères,
Qu’égorgea sans pitié le bras des janissaires,
Ou Qu’Ibrahim jeta sur des pals meurtriers !
Ces cris ne sont point ceux des Missolonghiotes,
Des martyrs de Chios et des Ipsariotes ;
Dansez, ô Grecs, dansez sous les bois d’oliviers !
- ↑ Kalvos de Zante, poëte lyrique de la Grèce moderne, dont MM. Julien et Pautthier ont fait passer les belles odes dans notre langue.