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LA FILLE D’AGRAVADAIN

même temps il songeait à sa belle et jeune femme, qu’il ne voulait trahir, non plus que son hôte, en sorte qu’il n’était pas moins angoissé qu’elle.

Les nappes ôtées et, quand les convives eurent lavé leurs mains, ils furent s’appuyer aux fenêtres et s’oublièrent à admirer le château et le pays environnant qui étaient beaux à merveille, jusqu’à ce que le temps fût venu d’aller reposer. Les pucelles avaient préparé pour les deux rois, dans une chambre voisine de la salle, des lits tels qu’il convenait aux princes qu’ils semblaient être. Et, dès que tout le monde fut couché, Merlin fit un nouvel enchantement, grâce à quoi un sommeil si pesant s’empara de tous les gens du château, qu’ils ne se fussent pas réveillés quand même le plafond eût croulé sur leurs têtes. Seuls, Ban et la fille d’Agravadain veillaient et soupiraient, chacun à part soi.

Alors Merlin alla dans la chambre de la pucelle et lui dit :

— Venez, belle, à celui qui tant vous désire.

Enchantée comme elle était, elle se leva sans sonner mot, vêtue seulement de sa chemise et de son pellisson, et il la mena droit au lit du roi Ban qui lui tendit les bras en dépit de lui-même, car il craignait Dieu. Mais elle ôta ses vêtements et se coucha près de lui. Et le conte dit qu’ils se