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LA BARBE AVEC LE CUIR

En voyant les rois couronnés, assis au maître dais, et le harpeur coiffé d’or, il s’arrêta tout interdit. Mais il se remit, bientôt et, s’étant fait montrer le roi Artus, il s’avança vers lui et dit à haute voix :

— Roi Artus, je ne te salue pas ; celui qui m’envoie à toi ne me l’a pas commandé. Je te dirai seulement ce qu’il te mande. Si tu t’y soumets, tu en auras honneur ; sinon, il te faudra fuir de ton royaume, pauvre et exilé.

— Ami, répondit le roi en souriant, fais-nous ton message ; tu n’auras nul mal de moi ni d’autrui.

— Roi Artus, à toi m’envoie le seigneur et le maître de tous les chrétiens, le roi Rion des Îles, dominateur de l’Occident et de toute la terre. Vingt-cinq rois déjà sont ses hommes liges ; il les a soumis par l’épée et leur a levé la barbe avec le cuir. Il te mande de te présenter devant lui et de lui rendre hommage. Fais lire ces lettres qu’il t’adresse, et tu entendras sa volonté.

Le roi prit les lettres et les passa à l’archevêque de Brice, qui les déploya et en donna lecture comme il suit :


« Je, le roi Rion, seigneur de toute la terre d’Occident, fais savoir à tous ceux qui ces lettres verront et entendront que je suis à