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MERLIN L’ENCHANTEUR

cette heure en ma cour, en compagnie de vingt-cinq rois, mes hommes, qui m’ont rendu leurs épées et à qui j’ai pris leurs barbes avec le cuir. Et en témoignage de ma victoire, j’ai fait fourrer de leurs barbes un manteau de samit vermeil, auquel ne manquent plus que les franges. Pour ce que j’ai eu nouvelles de la grande prouesse et vaillance du roi Artus, je veux qu’il soit plus honoré qu’aucun des autres rois : en conséquence je lui mande de m’envoyer sa barbe avec le cuir, et j’en ferai la frange de mon manteau pour l’amour de lui. Car mon manteau ne me pendra au col qu’il n’ait sa frange, et je n’en veux d’autre que de sa barbe. Je lui commande donc qu’il me l’envoie par un ou deux de ses meilleurs amis, et qu’il se présente à moi pour devenir mon homme et me rendre hommage. S’il ne le veut faire, qu’il abandonne sa terre et parte pour l’exil, ou bien je viendrai avec mon armée et je lui ferai arracher sa barbe du menton, et à rebours, qu’il le sache bien. »


Quand il eut entendu ces lettres, le roi Artus répondit en riant que l’on n’aurait jamais sa barbe, tant qu’il la pourrait garantir. Sur quoi le messager sortit, et le roi se remit à souper.

Le harpeur allait chantant de rang en rang, et chacun s’écriait qu’on n’avait jamais entendu