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MERLIN L’ENCHANTEUR

— Demoiselle, dit Gauvain tout confus, je vous supplie de me pardonner.

— S’il plaît à Dieu, tu le payeras cher ! Et une autre fois, tu te souviendras de saluer les dames quand tu les rencontreras. Je te souhaite de ressembler au premier homme que tu verras.

Or, messire Gauvain n’avait pas chevauché une lieue galloise, qu’il croisa le nain et sa mie. Dès qu’il aperçut la demoiselle, il se rappela la leçon qu’il venait de s’attirer et si empressa de la saluer :

— Que Dieu vous donne joie, et à votre compagnie !

— Que Dieu vous donne bonne aventure ! répliquèrent courtoisement le nain et la demoiselle.

Et, à peine l’avaient-ils dépassé, le nain sentit qu’il reprenait sa première forme, et il devint un jeune homme de vingt-deux ans, droit, haut et large d’épaules, si bien qu’il lui fallut ôter ses armes qui n’étaient plus à sa taille. Quand elle vit son ami retrouver ainsi sa beauté, la demoiselle lui jeta ses bras au col et le baisa plus de cent fois de suite ; et tous deux remercièrent Notre Seigneur et s’en furent à grande joie, bénissant le chevalier qui leur avait ainsi porté bonheur.

Cependant messire Gauvain n’avait pas chevauché trois traits d’arc qu’il sentit les manches