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GAUVAIN PUNI

de son haubert lui descendre au delà des mains et les pans lui en couvrir les chevilles ; ses deux pieds n’atteignaient plus les étriers et son écu s’élevait maintenant au-dessus de sa tête : en sorte qu’il comprit qu’il était devenu nain. Il en fut si peiné qu’il s’en fallut de peu qu’il ne s’occît ! À la lisière de la forêt, il s’approcha d’un rocher sur lequel il descendit, et là il raccourcit ses étrivières, releva les manches et les pans de son haubert et aussi ses chausses de fer qu’il fixa par des courroies, bref il s’accommoda du mieux qu’il put ; après quoi il reprit sa route, bien angoissé, pour accomplir son serment.

Mais vainement il demandait à tous des nouvelles de Merlin : il ne recueillait que moqueries et brocarts, et personne au reste n’en savait. Quand il eut parcouru tout le royaume de Logres et qu’il vit que le terme de son retour approchait, il se désola plus que jamais.

— Ha ! pensait-il, que ferai-je ? J’ai juré à monseigneur mon oncle de revenir après un an et un jour, et pourtant comment oserai-je me montrer à sa cour, ridicule et défiguré comme je suis ? Mais je ne me parjurerai point.