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GAUVAIN GUÉRI

— Par Dieu, fol nain contrefait vous êtes mort !

— Si ridicule chose que je sois, montez, car il me semblerait vil d’attaquer à cheval des hommes à pieds.

— Vous fiez-vous donc tant à votre force ?

— Je me fie tant en Dieu, que je m’assure que vous n’outragerez plus jamais ni dame ni demoiselle en la terre du roi Artus.

Et, ce disant, il se jette sur eux et les combat si adroitement que bientôt l’un d’eux gît à terre ; déjà il courait sus à l’autre, lorsque la demoiselle lui cria :

— Messire Gauvain, n’en faites pas plus !

— Pour l’amour de vous, je m’arrêterai donc, répondit-il, et que Dieu vous donne bonne aventure, à vous et à toutes les demoiselles du monde ! Mais, si n’était votre prière, je les tuerais, car ils vous ont fait trop de honte et à moi trop de vilenie en n’appelant nain contrefait.

À ces mots, la demoiselle et les deux chevaliers se mirent à rire, et elle lui dit :

— Qui vous guérirait, que lui donneriez vous ?

— Ha ! si c’était possible, moi-même premièrement et ensuite tout ce que je peux avoir au monde.

— Je ne vous en demande pas tant, mais seulement que vous fassiez serment de toujours