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MERLIN L’ENCHANTEUR

demeure en ce manoir. Et vous, beau sire ?

— Je suis un valet errant, qui vais quérant le maître qui m’apprenait son métier.

— Et quel métier ?

— Par exemple, à soulever un château, fut-il entouré de gens qui lui donnassent l’assaut et plein de gens qui le défendissent ; ou bien à marcher sur cet étang sans y mouiller mon pied ; à faire courir une rivière où jamais on n’en aurait vu ; et beaucoup d’autres choses, car on ne saurait proposer rien que je ne fisse.

— C’est un très beau métier, dit la pucelle, et je voudrais bien voir quelque chose de tout cela ; vous suffirait-il, pour la peine, que je fusse toujours votre amie, sans mal ni vilenie ?

— Ha ! demoiselle, vous me semblez si douce que je vous montrerai une partie de mes jeux, à condition que j’aie votre amour sans vous demander plus.

Et, quand elle le lui eut juré sur sa foi, il prit une baguette et en traça un cercle, puis se rassit auprès de la fontaine. Et, au bout d’un instant, Viviane vit sortir de la forêt une foule de dames et de chevaliers, de pucelles et d’écuyers, qui tous se tenaient par la main et chantaient si doucement et agréablement que c’était merveille de les entendre. Ils vinrent se placer autour du cercle que Merlin avait dessiné, puis des danseurs et des danseuses commencèrent à danser des caroles non pareilles, au son