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VIVIANE

des tambours et instruments. Cependant un fort château se dressait tout auprès, avec un verger dont les fleurs et les fruits répandaient toutes les bonnes odeurs de l’univers. Viviane était émerveillée et si aise de regarder ces choses qu’elle ne trouvait pas un mot à dire ; ce qui seulement l’ennuyait un peu, c’était de ne comprendre que le refrain de la chanson, qui était :

 
Voirement sont amor
A joie commencées
Et finent à dolor.

La fête se prolongea de none jusqu’à vêpres ; et quand les caroles eurent assez duré, les dames et les demoiselles s’assirent dans leurs beaux habits sur l’herbe fraîche, tandis que les écuyers et les jeunes chevaliers allaient jouter à la quintaine dans le verger.

— Que vous en semble, demoiselle ? dit Merlin. Me tiendrez-vous votre serment ?

— Beau doux ami, de cœur je suis toute vôtre ; mais vous ne m’avez encore rien enseigné.

— Je vous dirai de mes jeux, répondit Merlin, et vous les mettrez en écrit, car vous savez de lettres.

— Mais qui vous a dit cela ?

— Mon maître m’a si bien appris !

Tandis qu’ils causaient ainsi, les dames et les pucelles s’en allaient en dansant vers la forêt