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FIANÇAILLES D’ARTUS

dois-je faire puisque vous m’avez donné mon royaume et ma vie. Ne me direz-vous pas qui vous êtes ? il n’est chose au monde que je désire autant.

Les trois rois regardèrent Merlin. En les voyant ainsi hésiter, Léodagan fut si troublé que les larmes lui montèrent du cœur aux yeux et couvrirent son visage. Aussi en eurent-ils grand, pitié ; ils le firent asseoir sur un lit à côté d’eux, et Merlin lui dit en lui montrant Artus :

— Sire, voici notre damoisel, et sachez que, tout roi couronné que vous êtes, il est plus haut homme que vous. Nous allons par le monde, cherchant aventure et espérant de lui trouver une femme.

— Ah ! pourquoi chercher ? répondit Léodagan. J’ai la fille la plus belle, la plus sage, la mieux apprise qui soit !

— Elle ne sera refusée, s’il plaît à Dieu, dit Merlin.

Grande fut la joie de Léodagan en l’entendant parler ainsi. Sur-le-champ, il fut quérir Guenièvre et l’amena par la main dans la chambre ; puis il y fit entrer tous les chevaliers qui étaient au château, et prononça à haute voix :

— Gentil damoisel que je ne sais encore nommer, recevez ma fille pour femme, avec tout ce qu’elle aura d’honneur et de biens après ma mort. Je ne la pourrais donner à un plus prud’homme.