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LA REINE DÉMARIÉE

avoué, elle fut très contente. Mais Lancelot ne le fut qu’à moitié, car il songea qu’il n’aurait plus désormais la compagnie de sa dame autant qu’il venait de l’avoir. Et Galehaut fut dolent à merveille, en songeant que sans nul doute Lancelot le quitterait pour suivre son amour : car ainsi voyait-il sa fin approcher.

Peu après, le roi envoya chercher la reine par un grand nombre de ses barons, évêques, clercs et prélats. Mais elle leur dit qu’elle n’avait que faire de tant d’honneurs et qu’elle ne se remettrait jamais en la sujétion d’autrui, puisque Dieu l’en avait délivrée.

— Si je voulais me marier, ajouta-t-elle, je pourrais avoir un des plus hauts hommes du monde, et qui ne souhaiterait pas ma mort comme fit naguère messire le roi, mais qui me protégerait contre tous.

— Dame, vous ne pouvez faire cela, dirent les barons, car vous avez été unie à monseigneur par loyal mariage et par sainte Église.

— J’en suis délivrée de droit, répondit-elle, puisqu’il me condamna à mort : sainte Église n’exigera pas que je retourne auprès de lui.

Mais les clercs lui représentèrent que c’était au jour du Jugement que le roi aurait à répondre de sa déloyauté, et qu’à elle, il lui convenait seulement de reprendre son seigneur. De sorte qu’elle se mit en route avec sa compagnie pour regagner le royaume de Logres. Et le roi vint à