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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

sa rencontre et fut tout honteux quand il la vit. Il s’efforça de son mieux, désormais, à faire ce qu’il croyait qui pût lui être agréable, et elle avait le cœur si doux, si débonnaire et si franc, qu’il n’était nul forfait qu’elle ne pût pardonner.

Or, toutes les fois que le roi croyait la sentir mieux disposée envers lui, il la priait de s’employer auprès de Lancelot pour que celui-ci consentit à redevenir compagnon de la Table ronde. Mais elle répondait qu’elle n’osait lui demander rien, après tout ce qu’il avait fait pour elle qui ne lui avait jamais rendu qu’un seul service.

— Ha, dame, disait le roi, suppliez-l’en de tout votre pouvoir !

À la fin, elle feignit de se laisser fléchir.

— Sire, j’y consens, dit-elle. Mais auparavant vous prierez Lancelot vous-même, devant toute votre maison. S’il vous refuse, alors je me jetterai à ses pieds.

Ainsi en fut-il, et Lancelot ne répondit pas un seul mot au roi, mais il ne put souffrir de voir la reine à genoux devant lui : il courut la relever, disant qu’il ferait la volonté de sa dame. Et il vint après cela s’agenouiller devant le roi, qui l’accola à grande joie.

De la sorte, il reprit sa place à la Table ronde. Chacun en fut heureux, hormis Galehaut qui voyait ainsi avancer l’heure de sa propre