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Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/39

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LES DEMOISELLES OISEAUX

que voyant, les autres poussèrent de grands cris de douleur comme font les femmes ; ils prirent la blessée dans leurs serres et disparurent en un instant. Et bientôt le chevalier du gué fut de nouveau outré et réduit à merci.

— Sire, dit-il, sachez que j’ai nom Urbain et que je suis chevalier errant. J’aime une reine, la dame la plus belle qui ait jamais été. Un soir que je la requérais d’amour, elle me dit qu’elle ferait ma volonté si je voulais lui promettre un don, et, quand je l’eus octroyé, elle me commanda de garder ce gué. Si je l’eusse défendu sept ans sans être vaincu, j’eusse été le meilleur chevalier du monde : hélas, il s’en faut de sept jours ! Celle que tu as navrée sous la semblance d’un oiseau était la sœur de ma mie ; ses compagnes l’ont emportée dans l’île d’Avallon. Maintenant je te prie, en nom Dieu, de me donner congé.

Le champion aux blanches armes le lui accorda après lui avoir fait jurer qu’il irait se rendre prisonnier à la reine Guenièvre. Mais Urbain ne s’était pas éloigné d’un arpent, qu’on le vit soudain s’arrêter et regarder en l’air en donnant les signes de la plus grande joie du monde. Dont le blanc chevalier s’émerveilla. Pourtant il se remit en selle, traversa le gué et continua son chemin, suivi de ses écuyers.