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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC


X


Longtemps, ils chevauchèrent sans encombre, puis le ciel devint obscur, le vent se leva, des tourbillons de poussière s’élancèrent autour d’eux, les éclairs percèrent la nue, si pressés qu’on se fût cru au jour du Jugement ; enfin la pluie se mit à tomber, tandis qu’autour d’eux la foudre fracassait les arbres, bref une tempête fit rage, si terrible qu’il n’est aucun homme, pour hardi qu’il soit, qui ne s’en fût effrayé. Maintes fois, le vent les heurta rudement sur l’épaule gauche et les fit virer sur place, malgré qu’ils en eussent ; maintes fois ils furent balayés du chemin. Mais le chevalier aux blanches armes tourna son écu contre l’orage, et ils allèrent ainsi jusqu’au soir, que le ciel s’apaisa. Alors ils gravirent un tertre d’où ils aperçurent un grand feu qui brûlait au loin, à une lieue et demie pour le moins. Et lorsqu’ils l’eurent atteint, après avoir traversé mille fourrés de ronces et d’épines, ils se trouvèrent à l’entrée d’un gros village ; c’était là que flambait le bûcher, qui avait bien dix pas de tour.

Ils eurent bel accueil dans la maison d’un bourgeois où ils s’adressèrent et qui était merveilleusement munie de ce qui convient aux che-