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MORT DU COMTE D’ALLEMAGNE

corps. Lancelot pria son seigneur de lui céder la bataille ; mais celui-ci n’en voulut rien faire.

Le lendemain donc, quand le soleil fut levé, le roi Artus entendit la messe, puis il s’arma richement et se fit passer dans l’île Roland, dessous Paris, qu’on avait choisie pour le combat. À le voir si petit au prix de lui, Matabron, qui était très fort et très haut, pensa qu’il l’outrerait aisément. Pourtant le combat dura de prime jusqu’à midi sans que l’un d’eux pût prendre à l’autre un plein pied de terre. Mais, à ce moment, Matabron commença de se lasser parce qu’il avait trop attaqué au début, pensant vaincre en peu de temps ; alors le roi se mit à le frapper sur le heaume de sa bonne épée Marmiadoise comme un bûcheron sur un chêne, et si rudement qu’à la fin l’Allemand tomba tout étourdi. Aussitôt le roi Artus lui coupa la tête.


XL


Pendant ce temps, l’armée de Logres arrivait sur la terre de Gannes, devant Pinegon, qui était un château assez fort et bien muni pour soutenir un siège de dix ans. Bohor l’assaillit en vain ; mais le roi Baudemagu s’avisa de grimper avec ses gens par un côté qui passait pour