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LE CHEVALIER À LA CHARRETTE

mieux, puis au pis sur l’ordre de sa dame. Pourtant, elle voulut qu’il terminât par des prouesses, et il en accomplit de telles que toutes les demoiselles s’accordèrent à lui décerner le prix.

Mais quand on voulut lui remettre le mouton doré, on ne trouva que son écu, qu’il avait laissé, avec sa lance et l’armure de son cheval, car il était parti avant la fin du tournoi pour regagner sa prison, où le sénéchal l’attendait en grande inquiétude.

XX


Lorsque sa femme épousée lui avoua qu’elle avait laissé partir Lancelot, pour un peu il l’eût tuée ! Il s’empressa d’avertir Méléagant, par prudence. Et celui-ci, ce traître que le mauvais feu arde ! il jura qu’il saurait enfermer Lancelot en un lieu d’où il ne sortirait point sans congé. En effet, il le fit transporter dans une tour très haute et très forte, au milieu d’un grand marais, dans la marche de Galles. On mura les portes et les fenêtres, sauf une petite ouverture, au sommet : par là, on faisait passer chaque jour au prisonnier un peu d’un dur pain d’orge et de l’eau trouble, qu’on lui portait en barque et qu’il tirait lui-même par une corde.