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LA SŒUR DE MÉLÉGANT

Cela fait, Méléagant se rendit à la cour du roi Artus, qui était alors à Londres, pour réclamer la bataille contre Lancelot et, si son adversaire était défaillant, demander que la reine le suivît comme elle l’avait juré.

— Méléagant, dit le roi, Lancelot n’est point ici, et je ne l’ai pas vu depuis un an avant le temps qu’il délivra la reine. Et vous savez bien ce que vous devez faire.

— Et quoi ?

— Attendre céans quarante jours, par ma foi ! et si Lancelot ne se présente pas, ou quelque autre à sa place, vous emmènerez la reine.

— Ainsi ferai-je, répondit Méléagant.

Or, le conte dit en cette partie qu’il avait une sœur d’un premier lit. Et cette pucelle le haïssait fort parce qu’il s’était emparé de la terre qu’elle devait hériter de sa mère, après l’avoir si bien calomniée que le roi Baudemagu, leur père, l’avait exilée au bout de son royaume : et c’était justement dans la marche de Galles. Quand elle sut qu’on avait enfermé un prisonnier dans la tour, elle résolut de s’en enquérir.

Sachez que le sergent qui gardait la tour logeait au bord du marais, près du chemin, et que sa femme devait tout à la sœur de Méléagant, qui l’avait élevée et mariée. Celle-ci vint voir sa protégée et coucher chez elle. Puis, la nuit,