Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
LE CHÂTEAU AVENTUREUX

quand il apprendrait la mort de Galehaut, et son cœur se serra si fort qu’il s’en fallut de peu qu’elle ne pâmât.

— Beau doux ami, dit-elle seulement, que Notre Sire vous conduise !

Et, le lundi, Lancelot s’arma au sortir de la messe et partit si secrètement que personne ne le vit, hors sa dame qui avait monté sur la plus haute tour et le suivit longtemps des yeux.

Il chevaucha tant qu’il parvint dans une forêt haute, grande et agréable à y errer ; là, bien qu’il fît grand chaud, sous les arbres feuillus l’ombre était agréable. Il était fort en peine de son chemin, lorsqu’il découvrit des traces de chevaux : il les suivit à bonne allure et ne tarda pas à joindre une demoiselle qui chevauchait noblement sur un beau palefroi, suivie de ses gens ; elle était toute vieille et chenue, pourtant elle avait ses cheveux déliés sur les épaules à la façon des pucelles, et sur la tête une couronne de roses ; ainsi qu’il convient environ la Saint-Jean.

— Demoiselle, lui dit-il après l’avoir saluée, me sauriez-vous enseigner le chemin qui mène à la terre de Galehaut ?

— En nom Dieu, je puis bien vous l’enseigner, mais pourvu que vous m’accordiez un don : c’est que vous me suivrez dès que je vous en requerrai.

Lancelot octroya le don. Hélas ! il s’en