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LA TOMBE DE GALEHAUT

repentit et chagrina assez quand le moment fut venu !



II


Suivant le chemin que la vieille lui avait montré, il arriva, au soir, devant une abbaye de moines blancs. Les frères, qui venaient de chanter complies, jouissaient du serein devant la porte, où ils lui souhaitèrent la bienvenue. Ils le désarmèrent, puis ils mirent sur la table une nappe et le pain et le vin. Mais il ne voulut pas manger avant que d’avoir fait oraison, car il n’était pas entré dans une église depuis le matin. Il fut donc s’agenouiller dans la chapelle, et, quand il eut prié, il remarqua une grille d’or et d’argent, ornée de fleurettes et de figures de bêtes et d’oiseaux. Elle entourait une tombe, la plus grande et la plus riche du monde, toute en or fin et pierres précieuses, et qui valait bien le prix d’un royaume. Des lettres y étaient gravées, qui disaient :

Ci-git Galehaut, le fils à la belle géante, sire des Îles lointaines, qui pour l’amour de Lancelot du Lac mourut.

D’abord qu’il eut lu cela, car il savait de lettres, Lancelot tomba pâmé ; puis, revenu à