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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

siffler Talma[1]. Certainement ces dilettantes de province n’auraient pas accepté l’engagement d’une jeune comédienne inconnue, si elle n’eût pas fait preuve de talent. Au surplus, l’Année théâtrale, almanach pour l’an XII[2] (1803), apprécie de la sorte la débutante :

« Mlle Desbordes, qui joue la comédie par instinct et comme doit le faire une jeune fille de dix-huit ans, douée d’une jolie figure, d’une douce sensibilité, d’une expression ingénue, remplit bien les rôles de jeunes amoureuses. Elle joint à tous ces dons le soin bien rare de mettre toujours une grande simplicité et une grande décence dans sa parure comme dans son jeu. On s’en étonnera peu quand on saura que Granger est son maître. Il sait combien le respect pour les convenances ajoute aux avantages naturels ou étudiés d’un comédien. »

Ce Granger[3] était alors directeur du Théâtre des Arts, et sa jeune élève devait

  1. Pougin, page 63. — Plus tard, ils devaient siffler cruellement Valmore, le mari de Marceline. Voir plus loin.
  2. Paris, Courrier, 1803, page 292.
  3. Il avait débuté à la Comédie-Française où il avait réussi à porter quelque ombrage à Granval et à Molé. Il fut ensuite au Théâtre Italien. En 1819, il fut nommé professeur au Conservatoire.