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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

C’est chez une actrice nommée Délia que Marceline connut l’homme qui devait lui inspirer la passion qu’elle attendait. Elle nous l’a dit, avec beaucoup de grâces, dans une pièce charmante et apprêtée que je citerai ici :

A DÉLIE Par un badirage enchanteur Vous aussi, vous m’avez trompée ! Vous m’avez fait embrasser une erreur : Légère comme vous, elle s’est échappée. Pour me guérir du mal qu’Amour m’a fait Vous avez abusé de votre esprit aimable ; Et je vous trouverais coupable, Si je pouvais en vous trouver rien d’imparfait. Je l’ai vu, cet amant si discret et si tendre, J’ai suivi son maintien, son silence, sa voix. Ai-je pu m’abuser sur l’objet de son choix ? Ses regards vous parlaient, et j’ai su les entendre. Mon cour est éclairé, mais il n’est point jaloux. J’ai lu ces vers charmants où son ame respire. C’est l’Amour qui l’inspire, Et l’inspire pour vous. Pour vous aussi je veux être la même. Non, vous n’inspirez pas un sentiment léger : Que ce soit d’amitié, d’amour, que l’on vous aime, Le cœur qui vous aima ne peut jamais changer. Laissez-moi ma mélancolie ; Je la préfère à l’ivresse d’un jour :