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de la régularité de ses instruments, doutait de sa propre réputation, même en présence des étrangers qui s’honoraient de lui en fournir le témoignage[1]. »

Profondément touché des témoignages d’estime et de sympathie que lui donnait Arnold, il s’efforça de le reconnaître de son mieux par son accueil, et lorsque le confrère repartit pour l’Angleterre, il lui confia son fils aîné qu’il devait, deux années après, mais sans l’avoir prévu, aller rejoindre.

La révolution éclata, Breguet, tout entier à son art, resta complètement étranger à la politique ; mais à cause de sa célébrité, et sans doute aussi de sa réputation d’honnête homme, il n’en fut pas moins classé parmi les suspects. Par bonheur, grâce à quelques-uns de ses clients, alors très-influents, il put éviter la prison et il lui fut permis de quitter la France. Il passa, avec sa famille, en Angleterre, où sa situation ne laissait pas que d’être critique et de le préoccuper. Il se voyait tout au moins dans la nécessité, afin de s’assurer le pain quotidien, d’abandonner ses savantes recherches pour redevenir un simple ouvrier, lorsqu’un ami généreux, témoin de ses perplexités, lui dit :

— À Dieu ne plaise, que vous abandonniez l’art pour le métier. Continuez vos importants travaux, dont le résultat pour moi est d’autant moins douteux que votre fils aîné peut s’y associer. D’ailleurs, n’ayez souci du lendemain ni pour votre famille ni pour vous ; voici qui vous rassure pour l’avenir.

Et l’excellent ami, M. Desnay-Flyche, présentait à Breguet un portefeuille rempli de banknotes, qu’après

  1. Encyclopédie des gens du monde.