Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/217

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ques ont été la cause de cette confusion d’idées ; ils ont fait supposer une chevalerie historique collective, lorsqu’il n’existait qu’une chevalerie individuelle. Au surplus, cette chevalerie fut délicate, vaillante, généreuse, et garda l’empreinte des deux climats qui la virent éclore ; elle eut le vague et la rêverie du ciel noyé des Scandinaves, l’éclat et l’ardeur du ciel pur d’Arabie. »

Dans ces temps si différents des nôtres, où la guerre était en quelque sorte l’état normal de la société, où la police, à vrai dire, n’existait point, le but avoué du chevalier, sa mission glorieuse autant qu’utile, était la protection du faible, de la femme, de la veuve, comme de l’orphelin.


   La terre a vu jadis errer des paladins ;
    Ils flamboyaient ainsi que des éclairs soudains,
    Puis s’évanouissaient, laissant sur les visages
    La crainte et la lueur de leurs brusques passages,
    Ils étaient dans des temps d’oppression, de deuil
    .............
    Les spectres de l’honneur du droit, de la justice ;
    Ils foudroyaient le crime, ils souffletaient le vice ;
    On voyait le vol fuir, l’imposture hésiter,
    Blêmir la trahison, et se déconcerter
    Toute puissance injuste, inhumaine, usurpée,
    Devant ces magistrats sinistres de l’épée…

a dit admirablement le poète. Le dévouement aux dames, l’inviolable fidélité à la parole jurée, la défense du prêtre, du religieux, du pèlerin, du berger gardant son troupeau, ou du laboureur piquant ses bœufs, tels étaient les devoirs du chevalier, et auxquels il s’engageait par des serments solennels. Comme, au reste, pendant longtemps, à ces devoirs la plupart se montrèrent