Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/69

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comme on en rencontrait alors en Autriche et dont la générosité ne connaissait pas de bornes pour l’encouragement des hommes de talent. » Passionné pour la musique, il accueillit Beethoven avec une bonté parfaite, lui assura une pension de 600 florins et voulut qu’il demeurât dans son hôtel. La princesse partageait les goûts de son mari et ne témoigna pas moins de bienveillance à l’artiste, profondément reconnaissant, mais qui, de l’aveu de son ami Schindler, ne savait point assez maîtriser les inégalités de son caractère et les brusqueries de son humeur : « Personne n’était moins aimable que lui dans sa jeunesse, » et la princesse, qui savait faire la part de la faiblesse humaine, eut plus d’une fois à l’excuser auprès de son mari, moins porté à l’indulgence pour ces fugues de l’artiste.

Beethoven, apprécié alors surtout comme exécutant et improvisateur, successivement fit connaître et jouer plusieurs grandes compositions, entre autres la Symphonie en ut majeur, la Symphonie en , et le grand Septuor, qui étendirent sa réputation au loin. Ces divers ouvrages, composés dans un intervalle de 10 ans, de 1790 à 1800, appartiennent à sa première manière, moins personnelle, et dans laquelle, malgré le mérite incontestable, se trahit l’influence d’Haydn et de Mozart pour lesquels, à cette époque, l’artiste professait une admiration enthousiaste.

Beethoven, sans nul souci de la vie matérielle, et sûr du lendemain, jouissait paisiblement de ses succès, en rêvant des œuvres nouvelles, d’un caractère plus original et plus puissant, lorsque tous-à-coup, hélas ! il vit se couvrir des plus sombres nuages cet horizon que l’es-