Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/368

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doyer, c’est-à-dire un passage intéressant emprunté au sérieux travail de M. Blanc :

« On a dit et répété que Rembrandt était avare… Mais ces accusations, légèrement lancées par Houbraken, et qui depuis ont été grossièrement amplifiées jusqu’au roman, sont démenties et par les lettres autographes de Rembrandt, et par divers actes. En lisant ces lettres[1] et ces actes, il est impossible de croire que ce grand homme ait ouvert son cœur à l’ignoble passion de l’argent, du moins à la façon des héros de Plaute et de Molière… Rembrandt était si peu ménager de son argent, qu’on lui voyait pousser dans les ventes publiques à des prix fous les estampes rares, les belles épreuves, les dessins ou les tableaux des anciens peintres, ou même de ses confrères, et cet emploi de sa fortune est prouvé par l’inventaire de ses objets d’art, tel qu’il fut dressé en 1656.

» Rembrandt mourut pauvre malgré sa prétendue avarice. Ayant perdu sa femme Saskia, en 1642, il fut obligé de rendre des comptes à son fils Titus, qui était mineur. Mais toute sa fortune se trouvait représentée par des objets d’art, et la guerre dans laquelle la Hollande était engagée contre l’Angleterre, avait déprécié ces sortes de valeurs. Possesseur d’une maison située dans le Breestraal (quartier des Juifs), à Amsterdam, Rembrandt fut exproprié par le subrogé-tuteur de son fils ; mais les circonstances étaient si désastreuses que l’on dut ajourner la vente de sa

  1. Ces lettres ne pourraient en aucun cas faire autorité, car l’Harpagon, le plus Harpagon, s’avoue-t-il, se croit-il même jamais avare ?