Page:Bourdaret - En Corée.djvu/307

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pendant la saison des pluies, l’eau court en dessous du sable qui encombre le lit du ravin. Elle s’échappe çà et là pour l’arrosage des rizières.

Au point où la vallée des Pommiers rejoint celle du Bouddha-Blanc, se trouve un pavillon en bois sculpté, bâti sur un bloc énorme, isolé au milieu du ravin. C’est le pavillon du lavage du sable.

Non loin de ce dernier se trouvent les papeteries où l’on fait ce merveilleux papier coréen indéchirable dont les usages sont innombrables.

Plus en aval encore, dans cette vallée encaissée et déserte se dresse enfin le Bouddha-Blanc, près de l’endroit où elle s’élargit et prend le nom de vallée des Muguets ou « passage de la grande route de Pékin ».

Le « Bouddha-Blanc » s’appelle plus exactement : « Bouddha femelle de l’eau de la mer » et la légende qui s’y rattache est assez intéressante pour que je la conte après avoir décrit le monument.

C’est tout simplement un énorme rocher sur lequel a été peinte en blanc l’image d’une femme, protégée par un toit de pagodon que l’on est tout d’abord surpris d’entrevoir dans ce couloir désert où n’habitent que des aigles et des vautours, en dehors du gardien, logé dans une cabane perchée sur le rocher voisin.

L’histoire du Bouddha remonte au seizième siècle, pendant le règne du roi Miong-tjou. À cette époque vivait un certain Kim, réputé pour sa beauté dans toute la capitale, et qui fut fiancé et marié à une pauvre fille extrêmement laide, aux yeux chassieux, à la face large et marquée de petite vérole.

Ce jeune homme accepta sans objection son malheureux sort, et prit en pitié sa femme. Il savait