l'étable, par une odeur de fumier. Déjà germe dans son esprit l’intention de se démettre de ses biens, de quitter sa famille, de se réfugier dans une pauvre chambre de hameau, qu’il abandonnerait à qui la demanderait. Du moins, il ne veut habiter qu’une cellule blanchie, avec sa table à écrire en bois grossier, entre la faulx, la pelle et la scie suspendues au mur. N’a-t-il pas la satisfaction suprême de posséder la vérité, d’y conformer sa vie ? Il va se consacrer à la répandre, à faire part aux autres, jusqu’à son dernier souffle, des pensées dont il est obésdé.
III
Dans des pages consacrées au Journal d’Amiel, ce Genevois mélancolique à préoccupations religieuses, de la même famille que Tolstoï[1], Renan, écrivait : « Amiel se demande avec inquiétude : — Qu’est-ce qui sauve ? Eh ! mon Dieu, c’est ce qui donne à chacun son motif de vivre. Le moyen de salut n’est pas le même pour tous. Pour l’un, c’est la vertu ; pour d’autres, l’amour du vrai ; pour d’autres, la curiosité, l’ambition, les voyages, le luxe, les femmes, la richesse ; au plus bas degré, la morphine et l’alcool. Les hommes vertueux trouvent leur récompense dans la vertu
- ↑ Tolstoï a écrit un commentaire d’Amiel.