Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/95

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m’en apercevoir, la comtesse a disparu dans ses appartements, et de nouveau me voici seul avec le maître. Nous marchons doucement à travers la pièce.

— Alors, fait-il, vous me disiez tout à l’heure qu’on se passionne en France pour la guerre ?

— Oui, autant que j’en puis juger par nos journaux et par les lettres que je reçois. Mais j’ai quitté la France avant la rupture diplomatique, et je ne puis vous donner d’impression directe.

— Cependant l’extrême-gauche, les socialistes, parlent contre la guerre, et ne sont pas tendres pour la Russie ?

— Vous connaissez leurs raisons. D’abord, ils attribuent à la Russie la responsabilité initiale du conflit ; ensuite ils redoutent qu’une guerre heureuse n’y affermisse le régime autoritaire ; enfin ils lui en veulent d’avoir donné un démenti si brutal à la propagande de paix universelle qu’ils poursuivent. Vous avez lu sans doute le discours de Jaurès à Saint-Étienne ?

— Oui, je l’ai lu. Mais je ne suis pas con-