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la société des nations

Gouvernements et peuples affirment également que leur but est de maintenir la paix mais il est vers ce but deux routes bien différentes.

D’une part, la politique des cabinets continue, comme au temps des traités de Westphalie, d’Utrecht et de Vienne, à chercher les garanties de la paix — de cette paix dont chacun affirme le désir — dans l’équilibre des forces, dans ce qu’il est d’usage d’appeler l’équilibre européen.

La diplomatie qui s’inspire de cette politique affecte de se qualifier de « réaliste », elle se garde de s’appuyer sur les principes du droit. Lorsqu’un État, pour une raison quelconque, cherche à étendre ses frontières ou redoute l’expansion d’un voisin, sa diplomatie se met en marche sans se préoccuper de donner satisfaction aux véritables exigences du droit. Et l’on peut dire que dans les entreprises où rivalisent les « diplomates de la force » les traités eux-mêmes ne pèsent pas d’un poids plus lourd que le respect dû aux droits de l’homme ou des groupements d’hommes.

Toutes ces combinaisons diplomatiques, tous ces efforts faits pour assurer l’équilibre des forces antagonistes, au lieu d’accroître la sécurité des esprits, ne parviennent, chose saisissante, qu’à augmenter leur inquiétude. Après la réussite de chacune des entreprises de la diplomatie de la force, on s’écrie : la paix est assurée ! Et l’on se félicite, comme