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la société des nations

En face de la diplomatie de la force s’affirme, d’autre part, et s’affirmera de plus en plus la diplomatie du droit. C’est là une autre méthode qui, parallèlement à la précédente, ne cesse de produire ses effets. Ses principes peuvent se résumer dans une formule simple, que j’ai déjà employée ailleurs, en définissant les conditions de la paix intérieure des États, les conditions de la paix sociale. Cette formule s’applique aussi exactement à l’ordre international : « Pas d’harmonie sans l’ordre, pas d’ordre sans la paix, pas de paix sans la liberté, pas de liberté sans la justice. »

C’est la fragilité même des combinaisons de la force qui a donné naissance à la diplomatie nouvelle ; c’est elle qui a pour ainsi dire imposé aux esprits clairvoyants la méthode qui tend à donner une base de droit aux conditions d’existence de chacune des nations et par conséquent aux conditions de la paix internationale.

En multipliant les institutions juridiques, en définissant les droits et les devoirs des peuples dans un état de civilisation véritable, en précisant au besoin ces droits et ces devoirs sur certaines questions comme celle de la guerre sur mer, ces autres diplomates, qui sont les jurisconsultes internationaux, se sont, en effet, proposé de donner à l’équilibre du monde la seule base durable que connaisse la conscience et que puisse respecter l’humanité : le Droit.