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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/36

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le crépuscule des dieux

C’était le nom de l’unique accoucheur qui se trouvât dans le duché. En effet, M. de Lauingen étant parti subitement, sans en donner avis au Duc, celui-ci, de furie pour cette trahison, s’en était pris à la baronne, dont la grossesse arrivait à son terme.

— Je lui ai fait défense au nom de Votre Altesse Sérénissime d’assister madame de Lauingen, répliqua d’Œls, qui s’inclina.

Le Duc, aussitôt radouci, reporta ses regards sur le théâtre. Parmi des fureurs de trompettes et un tumulte guerrier, Hunding y défiait son hôte ; le hasard avait jeté Siegmund chez le plus violent de ses ennemis. Qu’il dormît sans crainte cependant ; la maison lui était amie jusqu’à l’aurore ; alors s’engagerait le combat, et point de merci au vaincu ! La pâle Sieglinde sortit préparer le breuvage du soir ; Hunding appesanti de colère et de fatigue, la suivit au lit nuptial. Maintenant, Siegmund était seul ; un silence chargé de passion l’enveloppe, tandis qu’il rêve au coin de l’âtre. La flamme peu à peu s’appâlit ; une nuit plus profonde descend ; la porte s’ouvre ; c’est Sieglinde.

Le Duc ressaisit sa lorgnette, et tous les regards attentifs étaient fixés sur la scène. Depuis huit jours, il se disait merveilles du duo d’amour qui suivait, et qui passait de loin le reste, à l’avis unanime des initiés des répétitions. Les femmes se penchèrent plus avidement ; un silence de mort