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Page:Bourget - Études et Portraits, t1, Plon-Nourrit.djvu/171

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et les Hommes. — Deux éclaircies dans cette atmosphère chargée d’œuvres, quelques journées d’absence, passées les unes dans une ville de Normandie jadis habitée par l’auteur, les autres dans un port voisin de l’Espagne, — voilà toute la matière des deux cahiers de notes que l’écrivain a griffonnées entre deux pages de ses romans ou deux paragraphes de ses articles. Mais, dans ces notes, il apparaît tout entier, comme Byron et Stendhal dans les leurs, avec sa puissance extraordinaire d’expression, avec sa belle faculté de voir intense là où d’autres verraient médiocre et de donner de l’esprit même aux plus menus détails de la vie. — Et quel esprit !… Depuis Rivarol et le prince de Ligne, personne n’a causé comme M. d’Aurevilly. Il n’a pas seulement le mot, comme tant d’autres, il a le style dans le mot, et la métaphore, et la poésie. Mais c’est que toutes les facultés de ce rare talent se font équilibre et se tiennent d’une étroite manière ; et, même à l’occasion de ces feuilles légères des Memoranda, c’est ce talent tout entier qu’il convient d’évoquer.

I

M. d’Aurevilly ferme ses lettres d’un cachet sur lequel il a fait graver une devise, à la fois résignée et superbe, fière et vaincue : Too late ! — Trop