pour l’honneur de son sentiment. C’en était assez pour qu’elle n’eût ni honte, ni peur. Il fallait attendre maintenant, et le calme que le fait d’agir avait rendu à Reine allait s’user minute à minute, seconde à seconde, durant ces vingt-quatre heures qui la séparaient de cette conversation avec son cousin. Elle dut d’abord, à la table du déjeuner, subir les regards de sa mère et de son père — celle-ci triomphante et reconnaissante, celui-ci (et cette attitude ne pouvait qu’accroître le malaise de la jeune fille), comme attendri, étonné et interrogateur…Heureusement, il s’en alla presque aussitôt, appelé au dehors par le devoir d’une répétition générale. — « La quatrième de la semaine… » gémit-il, en prenant congé de sa femme et de sa fille. Mme Le Prieux disparut, elle aussi, de son côté, pour se préparer à son « Jour », à ce « Mardi » auquel avaient été subordonnées et son existence et celle de son mari, et celle de Reine ! Cette corvée hebdomadaire n’avait jamais été agréable à la jeune fille. Elle l’acceptait d’habitude avec la bonne humeur de son âge. Elle avait même du remords, étant pieuse, à trouver parfois pénible cette croix si légère. Cette après-midi, le défilé des visites devait lui être et lui fut physiquement presque intolérable : « Charles a-t-il reçu la dépêche ? Oui, s’il est chez lui… Mon Dieu ! Pourvu qu’il ne vienne pas aujourd’hui !… S’il l’a reçue, que pense-t-il de moi ? Pourvu qu’il ne me juge pas mal !… Il doit deviner qu’il s’agit de quelque chose de grave ? Pourvu qu’il ne se tourmente pas trop !… J’aurais dû lui expliquer.
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