du matin précédent, — à voir apparaître, vers les neuf heures et demie, le visage si laid, mais si dévoué, de Fanny Perrin. La vieille demoiselle était une personne épaisse et courte, avec une tête beaucoup trop grosse. Ses lèvres fortes, son nez écrasé, lui donnaient une physionomie bougonne de dogue que corrigeaient deux yeux bleus d’une fraîcheur, d’une suavité presque délicieuse dans cette face mafflue. Le coloris fané du teint, jauni par l’habitude de la mauvaise nourriture, était rendu plus flétri encore par la nuance décolorée des cheveux, restés blonds, mais d’un blond passé, comme lavé. Avec cela, Fanny qui, depuis des années, ne mettait que les robes déjà portées par quelque protectrice plus riche, avait toujours les toilettes, à la fois voyantes et caricaturales, des parentes pauvres. L’étoffe en était tout ensemble somptueuse et défraîchie, la coupe recherchée et démodée, l’ajustage compliqué et insuffisant. Il en était de même pour les chapeaux et pour les chaussures. Comme elle avait de l’esprit, il lui arrivait de dire : « Je n’aurai vraiment de neuf et de fait pour moi que mon cercueil !… » La misère d’une telle existence réside moins dans les privations que dans les cadeaux. L’insolence avec laquelle on oblige la plupart du temps ces demi-parasites les contraint si souvent d’être ingrats qu’ils éprouvent une reconnaissance infinie pour le bienfaiteur délicat auquel ils peuvent dire un véritable « merci », non pas seulement des lèvres, mais du cœur. C’était le secret de l’affection exaltée que la pauvre Mlle Perrin
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