Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/260

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Charles, vous ne m’avouez pas toute la vérité, et ce n’est pas bien… Non, vous ne me l’avouez pas, » insista-t-il. « Ne m’interrompez plus… Vous convenez que vous étiez d’accord avec Reine pour l’envoi de la lettre de madame votre mère. C’est donc que Reine acceptait ce projet d’un mariage avec vous. Vous en convenez. Vous convenez aussi qu’elle vous a prévenu que ce projet devenait impossible ? Elle vous a donc parlé ou écrit. Vous l’avez donc vue ? Où ? Comment ? Et vous voulez que je croie que vous n’avez rien à vous reprocher, ni elle non plus ?… » — « Hé bien ! Je vous dirai tout, » répondit le jeune homme avec un véritable effort, « et pour elle et pour moi. Du moins vous, vous ne la soupçonnerez pas, » continua-t-il, d’un accent altéré où frémissait le remords de l’injustice qu’il avait commise lui-même. « Oui, j’ai vu ma cousine, ce matin, à onze heures, aux Tuileries. Il y avait une autre personne en tiers. Je vous donne ma parole d’honneur que c’était la première fois que nous avions un rendez-vous. La preuve que je vous dis la vérité, la voici. » Et il tira de son portefeuille la petite dépêche bleue de Reine qu’il tendit à Le Prieux : « Ma cousine avait voulu me parler… Par pitié, je le comprends à présent, pour que je n’apprisse pas brutalement, et de quelqu’un d’autre, le désastre de ma plus chère espérance… Et ce que nous nous sommes dit dans cette entrevue, je peux vous le répéter aussi, quand ce ne serait, encore une fois, que pour empêcher qu’à votre tour, vous