de mon camarade devant le docteur. Je savais ce dernier si perspicace que j’étais toujours gêné par son regard, devant lequel je tremblais, même innocent. Que serait-ce, coupable ? Tandis qu’il répétait ces mots : « On la lui a volée, » j’étais sûr que ces pénétrantes prunelles étaient posées sur moi, quoique, absorbé en apparence dans un livre de gravures, je détournasse la tête. Je l’écoutais qui continuait : « Voler ces pauvres gens, c’est deux fois abominable. Pour donner à Octave cette montre d’or, Montescot a tant dû se priver. Et vous savez s’il y a du superflu à retrancher dans son existence… Celui qui a volé la montre n’a qu’une excuse, c’est d’ignorer cela. S’il ne l’ignorait point, ce serait un monstre… » Non. Il n’était pas possible que le vieux médecin pensât à moi en prononçant ces paroles. Pourquoi cependant allaient-elles chercher, au fond de ma conscience, précisément la place malade, pour redoubler le remords qui grandissait, grandissait dans mon âme ? Pourquoi son visage exprimait-il, quand je le rencontrai des yeux, une sévérité plus mécontente encore que d’habitude ? Avait-il suffi à cet observateur de me voir entrer dans son salon, ce dimanche, pour deviner que je portais le poids d’un secret sur mon cœur ? M’avait-il examiné à la dérobée, tandis que mon oncle racontait la disparition de la montre, et s’était-il aperçu que mes doigts tournaient plus fiévreusement les pages de l’album, à mesure que ce récit avançait ? Ce récit même de mon oncle, en mentionnant le fait qu’Octave
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