Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/337

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ceci… » Et le vieux collectionneur nous tendit la statuette de bronze, à mon oncle et à moi, cet Hermès que je reconnus tout de suite. « J’ai confessé le père Courault, » continua-t-il, « et j’ai compris enfin comment Montescot avait pu donner ce bijou de prix à son pupille… Vous savez comme il tient à ces objets qu’il a dans sa vitrine, à sa Junon, à son Apollon, à son vase grec, à cet Hermès ?… Vous savez aussi comme il aime Octave, et comme cet enfant a du mérite, quelle admirable existence il mène, depuis qu’ils sont ici ? On dirait qu’il comprend qu’il doit rendre à son protecteur en contentement tout ce que ce martyr a sacrifié pour obéir à sa foi. Montescot a voulu récompenser tant de travail, de zèle, de perfection. Sans doute l’enfant, qui ne demande jamais rien, aura un jour, en passant devant la boutique de Courault, regardé l’étalage et simplement dit : « Que j’aimerais à avoir une de ces montres !… » Et ce brave Montescot, au lieu de venir chez moi, qui lui aurais payé son Hermès ce qu’il vaut, est allé le troquer contre ce bijou, pour donner à Octave un cadeau qui lui fît un vrai plaisir… Hé bien ! c’est le plaisir de cet enfant si dénué, c’est le bonheur de ce pauvre homme si malheureux, que le voleur a volé avec la montre… Mais qu’as-tu ?… » — « Oui, » répéta mon oncle, en se tournant vers moi, «  mais qu’as-tu donc ? » Des sanglots convulsifs me secouaient en effet, à travers lesquels je criais : — «