Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/127

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son innocence, parlât d’un rapprochement possible, presque d’une amitié avec cette dangereuse intrigante qui avait dû avoir des motifs pour faire raconter d’elle une pareille imposture. Quels que fussent ces motifs, Francis possédait un moyen très simple de les contrecarrer d’une manière souveraine et définitive, s’ils étaient dirigés contre lui. Et quelle folie de n’avoir pas pensé tout de suite à ce procédé, brutal mais décisif, qui le mettait à l’abri de toutes les roueries de cette femme, que sa présence à Palerme fût ou non fortuite ! Il n’avait qu’à demander un entretien à Mme Scilly et à lui faire sa confession générale. Qu’il avait été peu raisonnable de ne pas agir ainsi tout de suite, au lieu de trembler comme un criminel, d’écrire à Mme Raffraye comme un enfant et de se préparer des crève-cœur tels que celui de cette conversation ! Une fois la comtesse instruite de tout, que deviendraient les plans les plus machiavéliques, auxquels elle opposerait la volonté d’une mère qui ne veut qu’on touche au bonheur de sa fille et de son fils ? N’était-il pas son fils en effet ? Ne l’aimait-elle pas d’un amour de mère ? Ne le lui prouvait-elle pas à chaque heure du jour, à ce moment même, car, l’ayant vu absorbé durant tout le temps du dîner et le visage empreint de souci, elle lui demanda, en lui prenant le bras pour se lever, et comme elle demandait si souvent à sa fille, avec cette inquiétude du