Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/131

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confidence, il détaillerait son aventure ! Que serait-elle pour la conscience rigide de la comtesse, sinon une abominable histoire d’adultère ? Il se défendrait. Il raconterait la sincérité de son ardeur. Il ferait comprendre à cette femme qui ne connaissait de la vie que les devoirs, cet irrésistible attrait exercé sur la jeunesse par la passion. Certes, cette première partie de son récit lui coûterait, mais il était sûr que Mme Scilly s’y laisserait toucher, surtout quand elle saurait par quelles tortures il avait expié cette coupable intrigue. Il l’initierait au martyre de sa jalousie. Il referait avec elle, étape par étape, comme il l’avait fait tant de fois en souvenir, et la veille encore, son chemin de la croix jusqu’à la station suprême. Il lui expliquerait comment il avait été trahi presque sous ses yeux, et son désespoir quand il avait vu descendre de fiacre à la porte du rez-de-chaussée de son rival cette frêle forme voilée où il avait reconnu Pauline. Il dirait comment il avait rompu, sans rien cacher de sa brutalité, puis comment la volonté d’assurer à cette rupture un caractère définitif l’avait maintenu si longtemps loin de Paris dans les tristesses d’une étrange existence errante. Le noble visage et les yeux profonds de la mère d’Henriette le plaindraient encore de tant de misère. Cette seconde partie de son triste roman serait donc délicate, mais possible à raconter. — Il faudrait arriver à la troisième, au récit de l’époque qui