Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/193

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auprès d’Henriette et de la comtesse, il s’était familiarisé de nouveau avec cette sublime idée de la Providence qui nous montre un dessein mystérieux derrière les événements en apparence attribuables au seul hasard. Ces coups successifs qui l’avaient frappé, cette soudaine rentrée de Pauline Raffraye dans son cercle d’existence, cette certitude de paternité infligée juste à ce moment, cette nécessité de se mutiler le cœur, pour rester, honnête homme, du sentiment le plus naturel, le plus instinctif, son angoisse présente et celle qu’il prévoyait, oui, tout cela était une grande épreuve. Pouvait-il dire qu’elle fût injuste ? N’était-il pas puni précisément là où il avait péché ? Qu’était cette nouvelle douleur après les autres, sinon une conséquence toute naturelle de ce péché d’adultère que le monde accueille avec une si souriante indulgence, vers lequel nous marchons si allègrement, presque si fièrement, lorsque nous rêvons de romans vécus et de passions dangereuses ? Il est écrit cependant que c’est la plus criminelle d’entre les œuvres de chair, celle à qui les livres saints donnent pour châtiment la mort. « Si quelqu’un a possédé la femme d’un autre, qu’ils meurent tous deux, et l’homme qui a commis l’adultère et la femme avec laquelle il l’a commis… » Par une invincible association d’idées et à cette place où il avait goûté la joie si pure de l’amour permis, Francis se rappela quelques-