Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à son vrai service ? Et elle se réjouirait qu’il y ait une forme d’art restreinte, — mais efficace, quand elle est dirigée par des mains ingénieuses, — pour reproduire les mille tragédies taciturnes et secrètes du cœur, pour étudier la genèse, l’éclosion et la décadence de certains sentiments inexprimés, pour reconnaître et pour raconter les situations d’exception, les caractères singuliers, enfin tout un détail, inatteignable par le roman de mœurs lequel doit, pour rester fidèle à son rôle, éviter précisément ce domaine de la nuance et poursuivre le type à travers les individualités, les vastes lois d’ensemble à travers les faits particuliers. Ce dernier roman est à l’autre ce que la fresque est au portrait. Les analystes ne demandent pas que l’on préfère la toile où il ne se trouve qu’un ou deux visages copiés à la loupe aux puissantes et hardies évocations de foules nombreuses parmi des scènes chaudement et largement vivantes. Ils ont le droit, modestes ouvriers dans un genre illustré par des chefs-d’œuvre et pratiqué par des maîtres, de demander qu’on n’étende pas à ce genre lui-même les réserves que leurs défauts à eux peuvent mériter.


J’arrive à un autre reproche, plus sévère, celui-là, qui est souvent adressé au roman psychologique.