Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/335

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les jalousies dont j’ai été empoisonné pendant des années, les scènes sur lesquelles ma maîtresse et moi nous sommes séparés, je vous le jure, vous me plaindriez plus encore que vous ne me condamneriez. J’ai douté d’elle. Je suis arrivé à la persuasion qu’elle m’avait trahi. Je l’ai quittée. Je vous le répète, des années étaient tombées sur cette passion. Je ne dirai pas que je l’avais oubliée, mais certes j’étais de bien bonne foi en la croyant pour toujours finie… »

— « Et vous venez de dire qu’il y a une enfant ? » interrompit la comtesse.

— « Je vous ai dit que j’avais douté de la mère, » répondit-il, « j’ai douté de l’enfant, ou plutôt non, j’ai été persuadé que je n’étais pas son père. »

— « Et maintenant ?… »

— « Maintenant, je sais que je suis son père… »

— « Et c’est dernièrement que vous avez acquis la preuve de cette paternité ?… »

— « Il y a quelques semaines. »

— « Ici, alors ?… »

— « Ici… »

— « Vous êtes donc entré de nouveau en relations avec cette femme ?… »

— « Oui, » répondit le jeune homme.

— « Et vous avez pu faire cela ! » s’écria Mme Scilly en joignant ses mains, « quand vous