Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/336

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viviez auprès de nous, auprès de moi qui vous ai donné ce que j’ai de plus cher au monde, auprès de cet ange de pureté qui vous a donné, elle, tout son cœur !… Mais quel homme êtes-vous en effet pour n’avoir pas compris qu’à la première lettre reçue de cette femme vous deviez me parler ?… »

— « Elle ne m’a pas écrit, » dit Francis.

— « Alors… elle est venue à Palerme… Vous l’avez vue ?… »

— « Oui, » répondit-il.

— « Dans cet hôtel ?… »

— « Dans cet hôtel… »

Ils se regardèrent une minute de nouveau, sans plus parler, lui, avec des yeux presque suppliants, qui lui demandaient de deviner ce qu’il souffrait trop de dire, elle, avec un regard épouvanté de deviner réellement. La comtesse rompit la première ce cruel silence :

— « Non, » dit-elle, « ce n’est pourtant pas possible… Vous n’auriez pas laissé Henriette parler à cette petite comme elle a fait, si ç’avait été votre fille… » Et comme Francis baissait la tête, elle s’écria : « Ainsi, cette femme, c’est Mme Raffraye. Cette enfant, c’est… Ah ! la malheureuse !… »

— « Vous savez tout maintenant, » répondit le jeune homme, « et vous pouvez comprendre mon agonie de ces dernières semaines. Quand j’ai vu ce nom : Pauline Raffraye, sur la liste des