Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/348

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l’ai vue, derrière cette porte qu’elle n’avait pas eu la force de franchir après l’avoir ouverte… Nous l’aurions seulement entendue l’ouvrir ! Mais non. C’eût été déjà trop tard. Un mot, un seul mot suffit pour qu’une âme soit troublée jusque dans son fond. Et je vous le répète, c’est toute votre confession qu’elle a entendue. Je l’ai lu dans ses yeux. Seigneur ! Qu’en a-t-elle compris ?… »

— « Mais quand vous avez prononcé mon nom, elle a répondu, cependant ?… » demanda le jeune homme timidement. Cette plainte de la comtesse lui était un reproche plus cruel que si elle lui avait prodigué les pires affronts, et il essayait de l’interrompre en même temps qu’il essayait de savoir quels sentiments Henriette gardait pour lui. Tout son avenir de cœur n’en dépendait-il pas ?

— « Ce qu’elle m’a répondu quand j’ai prononcé votre nom ? » répéta la mère. « Rien non plus. Elle a seulement fermé les yeux avec une expression de souffrance qui ne m’a pas davantage permis d’insister… Et c’est à cause de cela, » continua-t-elle avec une visible gêne, « à cause des émotions dont votre présence serait le principe dans la crise actuelle, que je voudrais vous voir prendre une résolution momentanée… »

— « Laquelle ? » interrompit Francis en tressaillant. « Vous ne me demandez pas de partir,