Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/368

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traduisirent un surcroît d’émotion qui fut pour la mère une première espérance de ce pardon auquel sa sagesse avait souhaité aussitôt amener sa fille. Elle lui répondit en la calmant d’une nouvelle caresse :

— « Il n’est pas retourné à Paris, bien entendu. Il est à Catane, où il attend ce que tu décideras de vos relations à venir… Je lui ai dit que je te parlerais comme je t’ai parlé, et que tu resterais libre de rompre votre mariage si tu ne peux plus retrouver en toi les sentiments qui t’ont portée vers lui. Quoique ce soit une chose bien grave que de dénoncer des fiançailles aussi avancées que les tiennes, je te le répète à toi aussi, tu en restes libre, absolument libre… Je ne ferai que lui transmettre ta réponse, devant laquelle il s’incline d’avance sans protester, comme je m’inclinerai moi-même… Je te demande seulement que cette réponse ne soit pas immédiate. Quand il s’agit d’un parti à prendre qui pèsera sur toute l’existence, la réflexion n’est jamais trop mûrie. Tu réfléchiras… Aujourd’hui, » ajouta-t-elle en embrassant sa fille tendrement, « ne parlons plus de ce qui ne peut que nous peiner davantage en y revenant toujours… Tu es trop souffrante, je ne veux que te soigner, te dorloter, t’aimer comme si tu étais encore la petite fille qui travaillait sagement à sa table devant la fenêtre de la salle d’études. Te la rappelles-tu,