Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/393

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certitude d’y recevoir un secours surnaturel furent tellement intenses, que le matin du troisième jour le docteur Teresi trouva sa malade debout, habillée de manière à pouvoir sortir, et, quand elle lui demanda la permission d’aller à l’église, il la lui accorda à la plus grande surprise de la comtesse :

— « Elle reviendra guérie, » répondit-il aux objections de cette dernière lorsqu’ils furent seuls. « Elle s’est suggéré d’être malade. Elle va se suggérer d’être bien portante. Il ne faut jamais contrarier le système nerveux quand il se décide à se soigner lui-même… »

Pour le physiologiste, le drame moral où avaient failli sombrer la raison et la foi d’Henriette n’était que cela : un accident de névrose en train de passer ainsi qu’il était venu, par un phénomène d’hypnotisme subjectif, comme il eût dit certainement si la mère avait été capable de comprendre les singularités de la terminologie scientifique moderne. La faiblesse de telles hypothèses est qu’elles n’expliquent rien de ce qui constitue le fond même de la vie de l’âme. Comment certaines idées possèdent-elles une vertu d’ennoblissement et de consolation ? Pourquoi nous tournons-nous vers elles à de certains moments, et non à d’autres ? Quel est le principe de cet héroïsme intérieur qui fait les martyrs ? Que se passe-t-il dans la prière