Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/423

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moindre coin de table ou de console, les bibelots qui rappelaient dans ce salon de hasard l’autre salon, celui du vrai home, les livres qui aidaient à charmer la longueur des veillées, les bouquets dont le rangement révélait seul le gracieux génie d’Henriette. Au milieu de ce qui était pour Francis un véritable désert, la comtesse se tenait debout, mais seule, et le visage bouleversé d’inquiétude :

— « Ah ! mon pauvre enfant, » dit-elle en s’avançant vers le jeune homme, « vous n’avez donc pas reçu nos lettres ?… »

— « C’est parce que je les ai reçues que je suis venu, » répondit-il. « Je veux parler à Mlle Scilly une fois encore. Je ne peux pas me séparer d’elle ainsi, et elle ne peut pas non plus ne pas penser qu’un accusé a pourtant le droit de se défendre… Je vous en supplie, faites qu’elle m’écoute, quand ce ne serait que cinq minutes, ici, devant vous… Ensuite, je vous en donne ma parole, quoi qu’elle ait décidé, je n’essayerai plus de la fléchir, mais par pitié, cette fois encore, cette dernière fois… »

— « Hélas ! » répondit la mère en secouant la tête, « je viens d’essayer, moi, tout à l’heure, quand j’ai reçu votre petit mot… Vous ne savez pas contre quelle implacable résolution je me suis de nouveau brisée. Elle m’a déclaré qu’elle ne sortirait plus de sa chambre que pour aller au